Fréderick Delius (1862-1934) A Mass of Life
Le chef-d’œuvre de Delius aura connu sa création à Munich, en 1908, sous la baguette de Sir Thomas Beecham, mais en anglais. C’était éloigner un rien l’original de Delius, polyglotte invétéré qui écrivit d’abord en reprenant les textes de Nietzsche : Eine Messe des Lebens donc.
La tradition de donner cette grande parabole panthéiste dans sa traduction anglaise s’imposa d’autant plus aisément qu’à part Carl Schuricht qui reprendra l’ouvrage dans la langue de Nietzsche plusieurs fois en Allemagne, la partition fut présentée essentiellement par des forces anglaises et pour le public britannique.
Le disque ne fit pas exception, toutes les versions ignorant l’original, Sir Mark Elder y revenant enfin et gravant l’œuvre dans cette Norvège dont les paysages inspirèrent l’amorce de l’œuvre, et c’est merveille, chœurs vifs, orchestre gorgé de couleurs, battue alerte et sensuelle à la fois, et des solistes idéaux ; soprano fluide, adamantin de Gemma Summerfield, contralto voluptueux de Claudia Huckle, ténor lyrique à souhait de Bror Magnus Tødenes, Roderick Williams faisant jeu égal de son baryton corsé avec le souvenir impérissable laissé par le regretté Benjamin Luxon pour Sir Charles Groves (EMI/Warner). Avec ces deux versions, vous saurez tout de cette Messe profane, ode panthéiste, le plus bel écho musical inspiré par Nietzsche.