« Pour beaucoup, les polyphonies corses évoquent l’immuabilité d’une tradition qui
serait perpétuée par une poignée d’hommes austères dans le vase clos des maquis.
Des groupes comme L’Alba oeuvrent pourtant depuis longtemps à leur rénovation et
n’hésitent pas à larguer les amarres, redéfinissant la notion même d’insularité.
Jamais ce groupe à géométrie variable, qui a largement ouvert ses horizons depuis
trente ans, n’aura pourtant aussi bien porté son nom qu’aujourd’hui. Car ce
cinquième album marque une nouvelle « aube » (alba en corse) pour les sept
chanteurs-musiciens, qui accomplissent enfin pleinement leur rêve méditerranéen.
Le jour se lève au Sahara, au rythme de riffs touaregs et de chants qui annoncent
l’humeur bluesy de leur transhumance et la dominante pop-folk de leur pastorale
instrumentale. Avec guitares électriques et violons bohèmes, accordéon musette et
harmonium indien, ils naviguent entre liturgie païenne (le très beau Di Punta a
l’abbissu, enregistré dans une église) et ronde moyen-orientale, chanson napolitaine
et complainte balkanique, sur le fil mélismatique de ces harmonies aux timbres
typiquement corses, si graves, si envoûtantes, qui se prêtent décidément à tous les
voyages. »
| Buda/Socadisc.
Anne Berthod