« Si j’ai fait chanteur […] c’est pour trouver les gués les passages / Faire enfin sauter la vieille camisole / Célébrer la vie malgré ses saccages / Boire à même les mots de sacrés alcools... » Il y a bien longtemps que Jean Vasca avait comme pris congé du métier, de ses contraintes, logiques et servitudes, et du « médiatisme » qui lui est attaché. « En marge des Sorbonne et des Showbiz » comme il l’a écrit. Loin des soubresauts, calculs et suppositions, plans de scène et plans de carrière. Comme un sage que seule la poésie anime. Bruno Ruiz, un de ses compagnons d’infortune, le tient pour « l’un des derniers phares qui éclairent par intermittence l’océan [de la] chanson ». Le phare s’est éteint et la chanson dérive plus encore.
Vasca était effectivement unique, atypique de la chanson, d’une exigence rare, avec cette conscience, cette prescience de construire une œuvre, quel qu’en soit le prix à payer. Des prix, il en eut, les plus prestigieux soit-dit en passant, et l’admiration de ses pairs, comme la consolation d’un grand public absent, à qui jamais son art n’a pu parvenir, les tuyaux des médias et trompettes de la renommée étant particulièrement bouchés à la poésie, telle une « conspiration du silence ». C’est un ermite qui, dès le début des années soixante-dix, s’était réfugié dans le Gard, « dans la solitude nécessaire et la fête amicale », à quelques kilomètres de Barjac où il initia le festival-étalon que l’on sait, loin des tumultes parisiens. Avec nombre de chansons en phase avec le lieu, le Sud, le soleil et la fraternité. Des chansons écrites l’été, souvent la nuit tombée, qui nous parlent de la nature et de l’amitié...
Le précédent volet de cette anthologie* nous rapportait les vingt premières années discographiques de Vasca, extraits de dix albums. Voici les dix-huit autres, extraits des treize derniers albums. Jusqu’à l’ultime où, pressentant le grand départ, il nous salue : « Salut aux gens de la vigie / Traquant les lignes d’horizon / Qui dans leurs manteaux de visions / Maintiennent au chaud la poésie ». Toujours ce déferlement d’images, cette vie qui bouillonne, jaillie de ses vers, images que pas le moindre personnage ne traverse, ou si peu, que pas une histoire n’anime. Pas d’actualité dans ses chansons, si ce n’est à travers ses colères d’ordre politique...
Jean Vasca est artiste d’exception, artisan d’une chanson qui n’a pas d’égal. Qui a l’audace, l’effronterie de vouloir défier le temps, s’inscrire dans la durée, préférer la solidité de la pierre aux caprices du sable pour s’y graver. Certains travaillent au burin pour les bourrins ; d’autres avec de fines gouges pour épouser au mieux les pleins et déliés de la poésie qu’ils génèrent : Vasca est de ceux-là. Prenons le pari que, même dans la persistance du silence, il fera date, incontournable et nécessaire ponctuation. Que le phare, le « talent méconnu » qu’il est sera longtemps un des plus sûrs repères et refuges de cette part poétique de la chanson, la seule qui, au bout du compte, vaille vraiment. Qu’on signale et salue ce poète passionné, cet allumeur d’étoiles, alchimiste du verbe et passeur d’étincelles, ce « chanteur Mohican de la tribu des survivants ». Michel Kemper
CD1
L’OGRE 1988
1 L’ogre 3’30’’
2 Une porte ouverte 2’48’’
3 Planète 2’12’’
4 Le Chemin 5’46’’
5 Au bout là bas 3’15’’
OUVERT LA NUIT 1990
6 Ouvert la nuit 3’36’’
7 Boul’vard des vieux poètes morts 3’11’’
8 Fin d’été fin de siècle 5’00’’
9 Un jour débarquer 3’31’’
10 Juste … 2’41’’
DE RÉVOLTE ET D’AMOUR 1993
11 Si j’ai fait chanteur 2’42’’
12 Adieu 3’15’’
13 La nuit tous les chagrins sont gris 3’13’’
14 Mon beau vouloir 3’08’’
15 A bras le coeur 3’14’’
L’ATELIER DE L’ÉTÉ 1994
16 L’atelier de l’été 3’34’’
17 Un blues pour rien 3’15’’
18 La lune est dans l’arbre 2’26’’
19 Sauve qui peut sauve qui veut 3’08’’
20 Amis frangins camarades 2’57’’
Paroles et musique Jean Vasca
Orchestration Robert Suhas
CD2
EN ATTENDANT LES ORAGES 1996
1 Je suis ailleurs 4’16’’
2 Je te laisse des mots 3‘32’’
3 Écoute le chant 2’24’’
4 En attendant les orages 3‘57’’
5 Valse lente 3’25’’
LA MACHINE IMPRÉVISIBLE 1997
6 Étrange affaire 3’58’’
7 C’est une chanson 3’05’’
8 La machine imprévisible 3’39’’
9 Nuit blanche 2’49’’
10 Était-ce vivre tout cela ou rêver ? 4’31’
’LE FOU SACRÉ 1999
11 Le fou sacré 3’50’’
12 Un coup de dés c’est l’été 3’03’’
13 J’écoute aux portes de la nuit 2’41’’
14 Ceux qui n’ont jamais trahi 2’27’’
15 Sur la rive ultime du siècle 3’03’’
SERVITEUR ! 2001
16 Serviteur ! 4’00’’
17 Les sources 4’05’’
18 L’avenir 2’50’’
19 Qui donc ? 2’51’’
20 Nocturne 3’41’’
Paroles et musique Jean Vasca
Direction musicale Robert Suhas
CD3
LE MEILLEUR DU PIRE 2003
1 Le meilleur du pire 3’37’’
2 Les chants de révoltes sont des chants d’amour 2’19’’
3 La voix 3’34’’
4 N’aurions-nous ? 3’14’’
5 Les merveilleux nuages 3’03’’
6 J’attise the question 3’34’’
UN ALLER SIMLE POUR MARS 2007
7 Marée basse 3’38’’
8 Un aller simple pour Mars 4’31’’
9 À livre ouvert 3’59’’
10 Les faux-culs de l’air du temps 3’00’’
L’INCERTITUDE, L’INSOUMISSION ET LES ÉTOILES2010
11 J’en suis 3’53’’
12 L’incertitude l’insoumission… et les étoiles 3’03’’
13 Les îles noires de la nuit 2’18’’
14 Pas tenu 2’56’’
L’AUBERGE DU TEMPS PERDU 2013
15 L’auberge du temps perdu 2’54’’
16 Rêver sa vie vivre ses rêves 3’35’’
17 Printemps 2’15’’
18 Les lointains 2’52’’
19 Mes folles années 3’10’’
SALUTS ! 2015
20 Chant des soleils levants 2’17’’
21 Le château des songes 3’28’’
22 Au bout du quai ? 2’52’’
23 Saluts ! 3’16’’
Paroles et musique Jean Vasca
Direction musicale Robert Suhas