« Poémez-Vous »
Bernard Haillant ou la grâce de l’intranquillité
« Je suis en solitude dans un troupeau de gens » chante-t-il avant de nous partager ses rêves d’entrée en bonheur, la
quête d’une vie. En écoutant ce voyage dans l’âme humaine ponctué de 68 titres (dont un inédit) l’auditeur se retrouve
comme au premier jour. Ces heures où il aura découvert l’univers de Bernard Haillant, ce chant profond où l’amour, la
tendresse, l’émerveillement, l’esprit d’enfance se conjuguent à tous les temps. Où les saisons affichent le beau fixe tout
autant que la météo nuageuse. La gravité au coeur de l’existence, la colère justifiée, n’ont eu de cesse de se traduire en
mots sang, en mots chair. De la Lorraine de son enfance aux cabarets parisiens de ses débuts (La Contrescarpe) et de
ses voyages dans les îles lointaines, Bernard Haillant, enfant des années quarante, citoyen du monde, n’a eu de cesse
d’élargir nos horizons extérieurs et intérieurs. Des 45 tours de ses débuts (avec Les Baladins de Nancy) à l’heure
numérique actuelle où parait cette anthologie. Celui qui se proposait d’enchanter les mots est inscrit au grand bal des
intemporels tant il a pris le temps d’écrire chansons et textes, musiques et arrangements. Son cri inquiet résonne toujours
: « Ohé, de la mappemonde, y-a-t-il encore du monde ? » L’intranquille ne connaît pas le repos, aujourd’hui comme hier.
Oui il y en a du monde pour écouter et goûter les riches heures de cette oeuvre inscrite en haut de l’affiche.
Il était parti sans tapage en avril 2002, à 57 ans, nous laissant ses chansons poignantes d’homme de douceur et de
fraternité fougueuse. L’oubli n’est pas de mise après avoir été embarqués sur le frêle esquif de la vie. « Fort, aimons fort,
ayons cette faiblesse » lance l’amoureux. « Ne faut pas croire au temps qui passe » écrivait-il encore entre 1968 et
1973. Quelle plus belle invitation à remonter la rivière à la source d’un artiste capable de nous bouleverser avec «L’homme qui pleure ».
Ce titre, écrit au début des années quatre-vingt a été repris par nombre d’artistes dont Anne Sylvestre.
Les 68 titres de cette sélection couvrent les années 1960 (années Barclay et Decca) à 2001 où paraît « L’homme
en couleur », ultime album avec le titre inspiré par la Nouvelle Calédonie, « Tjibaou Yéweiné Yéweiné » où il
donne, en forme de testament, sa perception de l’humain. Entre grandeur et faiblesse, chroniqueur de la comédie
humaine, poète sensible à l’air du temps, Bernard Haillant n’en a pas fini de nous rappeler la force de la vie.
Robert MIGLIORINI
Remasterisé en Haute Définition
CD 1
1 Les Baladins
2 Ma vieille citadelle
3 Ma terre
4 Les gens viennent
5 L'oiseau de mon île
6 Pour l'oiseau
7 Dis ne crois-tu pas
8 Ça fait grincer des dents
9 J'ai fait du feu
10 Le jour où nous serons vieux
11 J'ai amie
12 Mes enfants
13 Le chardon
14 Ma province
15 Boulangerie
16 Par le ventre
17 Voilà la vie
18 Ma femme
19 Les heures riches
20 Présence (inédit)
21 Donne-moi une île
22 Et toc !
23 Parahi oe Tahiti
24 Qui émoussa le fil de mon couteau de chasse
25 Dick le Mélanésien
26 Petite soeur des îles
27 Les passes sont étroites
CD 2
1 La Vaïma
2 Femmes, filles
3 Mon coeur de roseau
4 Petit Arlequin
5 L'enfant nu
6 Le vieil homme
7 J'ai souvenir d'un temps lointain
8 Noël en novembre
9 Quand je serai heureux
10 Chanson à refaire
11 L'oiseau qui d'un coup fend la nuit
12 Mon étrangère
13 François
14 Je vis en négritude
15 François et les autres
16 L'homme qui pleure
17 J'suis plus un enfant
18 Bing bang boum boum
19 La girouette
20 Du frêle esquif
21 Eau salée
22 D'une mort douce
23 Ballade du vent qui passe (Vole jusqu'à ta vigne...)
CD 3
1 Appel et promenade jusqu'au rivage
2 J'étais assis au rivage
3 Ils habitaient un square
4 Sépa-séparés
5 Doux, doux, doux
6 C'était un rude hiver
7 Voir le bonheur
8 Clitou et Pinou
9 Les enfants battus
10 Poèmez
11 Quand les ciseaux aboient
12 Les gosses du Ghana
13 Ignorance (Un homme se tait...)
14 Fleury-Mérogis
15 P'tit' femm' tout' frêle
16 Annonce aérop'orlyenne
17 Saga de l'avion
18 Tjibaou Yéwéiné Yéwéiné