Chopin, Leonora Armellini, piano, Concours 2021

Nocturne op.48 n°1, Etudes op.25 et op.10

Scherzo, Sostenuto, Valse op.34, Ballade op.47, Ballade op.5

4 Mazurkas op.41, Polonaise op.53, Sonat op.35

Polonaise-Fantaisie

Concerto pour piano n°1

Leonora Armellini, piano

Warsaw Philharmonic Orchestra

Andrzej Boreyko

Pas un grain d’afféterie dans les échos sonores laissés par Leonora Armellini lors des épreuves du Concours Chopin 2021 où elle finira cinquième, mais un son de grand piano animé par un jeu à dix doigts dont l’espressivo sensible, l’art des contrechants, le juste dosage des dynamiques indiquent qu’elle possède déjà toutes les arcanes de cet univers.

D’ailleurs elle n’était pas une nouvelle venue au Concours, qu’elle fréquente depuis ses dix-huit ans, une habituée probablement trop musicienne pour emporter jamais la palme suprême : ce piano refuse de briller, mais parle avec une intensité certaine – écoutez simplement le Nocturne qui ouvre l’album – et se débrouille des pièges de la virtuosité – Etudes ou Polonaise – sans montrer d’efforts.

Une technique, si parfaite qu’elle en est invisible, sert d’abord le génie narratif de Chopin, même dans ses embardés les plus capricieuses : le Scherzo en mi majeur est admirablement enlevé, comme les deux Ballades, la narration se coule dans la forme avec une facilité déconcertante. Tout semble évident, et les surprises abondent, couleurs et phrasés, jusque dans une Valse en la bémol majeur d’un chic fou, avec juste ce qu’il faut de mélancolie.

Sommet des épreuves, la Polonaise-fantaisie, ombreuse, intense, ouvrant grand les espaces d’un clavier orchestral qui va loin dans l’imaginaire du compositeur. Dominer à ce point l’une des œuvres les plus secrètes de Chopin, trouver ses chemins complexes, les rendre évidents, voilà la signature d’une interprète inspirée dont les relectures de la Deuxième Sonate, des Mazurkas Op. 41, du Premier Concerto sont tout aussi abouties.